Mon souci est de ne pas penser l’architecture en terme d’objet, mais comme une agglomération. A Evry, j’ai voulu confronter un grand vaisseau et une flottille de rochers à ses pieds. L’architecture moderne s’est fourvoyée car elle a cru penser les édifices comme des objets, livrés à leur solitude, a un espace qui n’est plus qu’un vide. Faire un objet, c’est désigner un néant, une table rase, un manque. L’espace ne peut se penser que comme un flot qui n’est pas étranger à ses rives, comme une anfractuosité. Je serais tenté de le penser à travers le vocabulaire du négatif, renverser toujours totalement le vocabulaire de l’objet pour tenter de lui faire appréhender le creux, l’essartement, la clairière, l’espacement de la matière. (« entretien avec Henri Gaudin », in: Technique & Architecture n° 366, 1986, p. 64.)
J’habite l’espace, mais l’espace m’habite… comme ma voix emplit l’espace, s’insinue dans les alvéoles, bute sur ses frontières, rebondit sur ses parois, revient vers moi, part à son tour, envahit mes oreilles et virevolte dans ses colimaçons. Un lieu est hospitalier comme prolongement de mon corps, comme organe dont la topologie est aussi mienne. L’espace me remplit et je le remplis, il prolonge mes organes et lui-même n’a pas d’arrêt. (Henri Gaudin, in: « L’hospitalité a une forme », « Habiter, habité – l’alchimie de nos maisons », Autrement, série mutations n°116, septembre 199, p. 90)
L’espace est à l’architecture ce que le silence est à la musique.
(Henri Gaudin, in: http://www.cyberarchi.com/article/henri-gaudin-lespace-est-a-larchitecture-ce-que-le-silence-est-a-la-musique-26-02-2015-15473)