Le Corbusier

L’espace indicible

« Je suis l’inventeur de l’expression « l’espace indicible » qui est une réalité que j’ai découverte en cours de route. Lorsqu’une oeuvre est à son maximum d’intensité, de proportion, de qualité d’exécution, de perfection, il se produit un phénomène d’espace indicible : les lieux se mettent à rayonner, physiquement, ils rayonnent. Ils déterminent ce que j’appelle « l’espace indicible », c’est-à-dire qui ne dépend pas des dimensions mais de la qualité de perfection : c’est du domaine de l’ineffable. »
Le Corbusier, conversation enregistrée à la Tourette, L’Architecture d’aujourd’hui, n° spécial « Architecture religieuse », juin-juillet 1961, p. 3.

 

Prendre possession de l’espace est le geste premier des vivants, des hommes et des bêtes, des plantes et des nuages, manifestation fondamentale d’équilibre et de durée. La preuve première d’existence, c’est d’occuper l’espace.
[…]
L’architecture, la sculpture et la peinture sont spécifiquement dépendantes de l’espace, attachées à la nécessité de gérer l’espace, chacune par des moyens appropriés. Ce qui sera dit ici d’essentiel, c’est que la clef de l’émotion esthétique est une fonction spatiale.
Le Corbusier, « L’espace indicible », 1945, in L’architecture d’aujourd’hui.